Retrouvez ici toutes les anecdotes
Au milieu du XIX Siècle le propriétaire du domaine était un étrange personnage Apothicaire, surnommé « le bleu » (sans doute à cause de son appartenance au protestantisme) .
« le soir il s’installait devant un bac d’eau où se reflétait la lune et avec un grand sabre faisait des moulinets pour conjurer le temps »
Par la suite il fit faillite, il vend quelques parcelles de terre aux gens de Marcoux , le reste fut vendu au tribunal de commerce de Montbrison. Lors de la vente aux enchères Hippolyte de Sauzéa demanda à son avoué de miser 25 F . Personne n’ayant relevé la mise, le château, la maison des St Hilaire et environ 40 hectares de terre et de bois lui furent acquis.
Sa fortune :
Hippolyte de Sauzéa (1798-1883) était un riche rentier stéphanois, célibataire, dont la fortune était estimée à 10 ou 12 millions de francs, soit environ 50 à 60 millions d'euros. Il était un des plus grands propriétaires terriens de l'arrondissement de Saint-Etienne. Il possédait plus de cent fermiers. Il était, en même temps, un des plus importants tréfonciers du bassin de la Loire. Alors que l'industrie houillère prospérait activement, les redevances annuelles qu'il percevait ont fait sa fortune. Elles s'élevaient jusqu'à près de 200.000 francs, soit 1 million d'euros environ.
Avec pareille fortune, M. de Sauzéa vivait pourtant modestement, parcimonieusement même. Il avait en horreur la dépense et surtout le luxe. Sa frugalité était légendaire. Resté célibataire, il vécut seul, retiré du monde dans son château de Monteille sur l'ancienne commune de Valbenoîte, philosophant sur la nature humaine, la misère de l'homme et la miséricorde de Dieu.
Sa famille :
Il était le dernier descendant d'une très ancienne famille de notaires d'Annonay, dont l'origine serait en Espagne et qu'il faisait remonter, dans la péninsule Hispanique, à un chef Romain venu d'Afrique du nom d'Ausea, nom tiré d'un combat singulier que celui-ci soutint contre un lion de Numidie. De là, les armoiries de la maison de Sauzéa qui porte d'azur à trois fasces d'or avec un lion de sable armé et lampassé de gueules.
Vers le milieu du XVIIe siècle un cadet de cette famille, peu fortuné, mineur et orphelin, vint d'Annonay s'établir à Saint-Etienne, où il mourut en 1712. Les de Sauzéa de Saint-Etienne s'unissent aux Thiollière, aux Baudin (ou Baudini) famille italienne elle-même alliée aux d'Allard de Monteille.
Le grand-père d'Hippolyte de Sauzéa, Claude de Sauzéa, épousa en 1718 Marie Anne Baudin, dont il eut seize enfants. Sa vie fut une vie de labeurs. Il voyageait, achetait des soies, les faisait préparer et en fabriquait des rubans. Il devint riche, acheta des domaines et des maisons. Puis il rêva des honneurs et se fit, en 1761, revêtir de la charge de premier héraut d'armes de France au titre de Bourgogne. Cette charge lui donnait droit d'assister à certaines cérémonies à la Cour. Plus tard, il acheta, au prix de quatre-vingt mille livres, une charge de secrétaire du roi. Sa nouvelle position à la Cour ne lui permettant plus de continuer son commerce, en homme avisé, il mit sa maison sous le nom de ses deux fils, de Barges et Laroche, âgés de 12 et 8 ans sous la raison sociale « Sauzéa frères et Cie », et tout alla comme devant.
Sur les seize enfants qu'eurent Claude de Sauzéa et Marie Anne Baudin, sept sont morts en bas âge, neuf survécurent, huit fils et une fille. Pour distinguer ses fils les uns des autres, selon une ancienne tradition féodale, Claude de Sauzéa leur donna à chacun un surnom, pour les quatre aînés, tiré des noms de rentes nobles ou inféodés qu'il avait acquises, De Barges, Curtieux, Laroche et Meyzieu, et pour les quatre autres, tiré des noms de ses domaines, Du Bois, Cherrière, Monteille et Andrézieux. De Barges et Laroche firent prospérer l'entreprise familiale. De Barges allait fort souvent à Paris ; il remplaça même son père, en sa qualité de héraut d'armes, au service funèbre de Louis XV. Il fit partie de l'assemblée de la noblesse du Forez réunie le 23 mars 1789 pour élire ses députés aux Etats Généraux convoqués à Versailles pour le 27 avril 1789 par Louis XVI. Il devint aussi en 1792 maire de la commune de Valbenoîte dont faisait partie Monteille. Curtieux, le deuxième fils, borgne, petit, bancal et de peu d'esprit, ne réussit jamais dans la vie. Il chercha, sur la fin de sa vie, des consolations dans la dive bouteille. Meyzieu devint bénédictin. Passionné de mécanique, il inventa un nouveau métier à tisser la dentelle. Mais il se fit voler son invention. Dubois et Cherrière, rejoints plus tard par Andrézieux, partirent faire fortune aux Amériques. Mais la révolution de Saint-Domingue et le sac de la ville du Cap en 1791 ruinèrent leur négoce. Enfin, Monteille, un homme bon et simple, vécut, en rentier, une vie sans histoire ni événement. Quant à la fille de Claude, Jeanne, elle se maria et eut deux filles.
Les sept oncles d'Hippolyte de Sauzéa restèrent tous célibataires ; seul son père , Laroche, se maria pour assurer la pérennité de la famille. François de Sauzéa, dit Laroche, épousa à l'âge de 43 ans, le 26 août 1796, Antoinette Benoîte Chassain, âgée de 22 ans, dont il eut deux enfants, Jeanne Aubine, née le 21 juin 1797 et Jean Claude Marie, dit Hippolyte, né le 22 août 1798. Jeanne Aubine épousa Jean-Baptiste François David. A la mort de ses oncles, resté lui-même célibataire, Hippolyte de Sauzéa se considéra comme le dernier des Sauzéa, jugeant ses neveux et nièces issus de sa tante et de sa sœur comme de simples collatéraux.
Une acquisition pour une bouchée de pain :
C'est par le plus grand des hasards qu'en 1872 Hippolyte de Sauzéa fit l'acquisition des ruines du château de Marcilly-le-Pavé. Un jour qu’il se trouvait à l’audience des criées du tribunal de Montbrison, il vit mettre aux enchères les ruines du Château, avec le terrain alentour. Coup de cœur ! Romantisme oblige ! Rien n'était plus prisé que de grands lambeaux de murs couverts de lierre ! Il misa vingt-cinq francs, soit 125 euros environ, et obtint le Château pour une bouchée de pain.
Une restauration critiquée :
M. de Sauzéa se piquait de connaissances en archéologie. Il entreprit dès 1873 de restituer à Marcilly, extérieurement au moins, son aspect des anciens jours. Aidé de l'Armorial de Revel, il chercha son plaisir à être lui-même son architecte.
L'initiative est d'abord bien accueillie par les érudits foréziens. Le docteur Rimaud écrit dans les Annales de la Société d'agriculture : « Le château de Marcilly a un étrange bonheur... Un homme s'est rencontré, qui a conçu le projet de rétablir, en son état primitif, sa citadelle, dont les ruines semblaient faire partie du rocher... De plus la restauration fournit du travail pour la main-d'œuvre locale. »
M. de Sauzéa conçoit lui-même tout le projet. Mais, Viollet-le-Duc au petit pied, il ne tarde pas à s'attirer des critiques. Il mélange hardiment styles et matériaux. L'enceinte avec ses tours à gorge mêle la brique et le basalte. Des tours, des lanternons s'élèvent. Le même docteur Rimaud passe de l'encouragement à la critique : « On ne comprend pas la nécessité des deux tours et des deux étages à la chapelle. Quant aux ouvertures terminées par un triangle aigu, cela ne se voit guère dans les arcatures de l'architecture auvergnate. »
Le nouveau maître des lieux répond vertement dans la presse : « Pauvres Auvergnats ! » - il traite ainsi des Foréziens - « vous n'avez jamais rien fait de bon. On ne voit pas la nécessité des deux tours ! De nécessité, à proprement parler, il n'y en a aucune. » Le ton est donné. Nullement découragé, M. de Sauzéa écrit même un poème épique sur Marcilly, avec de furieuses batailles, pour conter les avatars de son coûteux château.
La restauration pourrait engloutir une fortune mais, en 1883, le mécène de Sainte-Anne meurt, à l'âge de 85 ans, avant d'avoir pu achever son œuvre. Il y consacra plus de 200.000 francs, soit 1 M€ environ.
Un legs aux Hospices civils de Saint-Etienne :
A sa mort, Hippolyte de Sauzéa légua par testament l'essentiel de sa fortune, y compris le château de Marcilly, aux Hospices Civils de Saint-Etienne. Par ce legs, il voulut faire le bien, estimant qu'il ne devait rien à ses héritiers naturels, de simples collatéraux, vivant dans l'aisance. Il laissa cependant à son filleul, autre Hippolyte, les trois plus importants de ses immeubles ainsi que six mille francs à M. André David, son exécuteur testamentaire. Le testament fera l'objet d'un procès de la part des héritiers naturels, mais en vain.